A l’occasion de la bénédiction du clocher, Mgr Celestino Migliore, le Nonce Apostolique, a prononcé un mot spirituel. En voici un extrait :

« Aujourd’hui nous inaugurons et bénissons un des symboles les plus anciens et caractéristiques de la vie chrétienne : le clocher. Il dresse sa hauteur dans la vallée comme un signe : un doigt tendu vers le Ciel. Sa verticalité donne sens à l’horizontalité de notre quotidien.

Dans un monde qui, pour la plupart du temps, repose sur l’égoïsme, l’Église chrétienne est fondée sur l’amour entre ceux qui cherchent à aimer, toujours. Voici ce que peut être l’Église aujourd’hui : une communauté de personnes, moines et laïcs, qui, portent dans le monde ces instants de repos, de paix, de pardon, d’abandon de la loi de l’égoïsme. Des instants qui donnent la connaissance d’un autre monde et d’une autre façon de vivre, qui permet aux hommes d’aller de l’avant et de trouver un sens à la vie.

Le clocher de l’Abbaye de Lagrasse comprend quatre gargouilles, représentant l’une Judas serrant contre son cœur des pièces d’or, symbole de l’avarice ; l’autre Salomé, celle qui charmait Hérode de sa danse, symbole des plaisirs de la chair ; la troisième, Hérode roi ambitieux et cruel, symbolisant l’orgueil du pouvoir; et enfin une chimère au cœur déchiré, métaphore de la désunion.

Voilà bien des symboles pour une communauté de religieux et de laïques, qui doivent se préserver des maladies spirituelles qui peuvent l’attaquer et les ronger de l’intérieur.

La restauration du clocher n’est que la première étape d’un grand projet : le relèvement du transept dont les travaux doivent bientôt commencer. Ce grand relèvement doit être le signe de ce qui se fait dans les cœurs par l’unité et la charité. Saint Augustin, dont les religieux à Lagrasse suivent la Règle, dit bien : « Ainsi, cette maison est pour nous une maison de prière, et nous sommes, nous, la maison de Dieu […] On ne devient toutefois la maison du Seigneur qu’autant qu’on est uni par le ciment de la charité […] Il faut donc réaliser spirituellement dans nos âmes ce que nous voyons dans ces murailles matérielles ; et avec la grâce de Dieu accomplir dans nos cœurs ce que nous apercevons d’achevé dans ces bois et ces pierres. »

Alors que ce clocher rénové restera un point de référence, un rappel pour la communauté chrétienne et pour la société civile autour de l’abbaye, nous remercions la communauté des Chanoines de l’abbaye de Lagrasse pour leur témoignage. Elle fera de ce clocher un symbole parlant, éloquent, stimulant, capable de rappeler les consciences des personnes qui le verront de près et de loin, et d’ouvrir une brèche dans leur esprit et leur cœur. »

C’est exigeant. C’est clair. C’est encourageant. Merci Monseigneur !